Comme beaucoup d’enfants, Sandrine voulait un chat. On nous a donné un chaton noir et blanc, qui essayait d’attraper les mouches, et que nous avons donc appelé « Fly-tox »… ce qui devenait dans la bouche de Sandrine « Patate ». Et idiot, il l’était ce pauvre chat. II essayait de passer à travers les vitres. Quand il sautait sur un radiateur (en fonte, à l’ancienne) et tombait au travers, quel air déconfit il prenait ! Comme « gros Minet »! En grandissant il est devenu bizarre :
-Un de nos amis travaillait sur des produits chimiques sentant très mauvais, et cette odeur restait imprégnée sur lui… Patate est monté sur le dossier du canapé où était assis cet ami odorant… et lui a fait sur l’épaule!
-Patate passait par les vasistas des villas voisines pour déposer ses besoins sur les fauteuils.
-Ces histoires de besoins déplacés étaient peut-être une vengeance de sa part. En effet partant nous rejoindre en vacances, et laissant Patate a la garde de nos voisins, Claude l’avait enfermé par mégarde dans l’armoire à linge. Il y était resté huit jours sans boire ni manger… mais en n’oubliant pas de crotter sur les draps, les serviettes etc. Il a été délivré par les voisins qui devaient le nourrir et s’étonnaient de ne pas le voir.
-Patate nous avait ramené une mignonne chatte rousse, que nous avions appelée « Julie » chatte avec laquelle il semblait prendre bien du plaisir. Un jour nous avons constaté que c’était un chat. J’ignorais que les chats puissent être pédés!
-Quand nous avons déménagé de l’autre côté de la nationale, Patate n’a jamais voulu nous suivre. Il nous griffait, sautait, miaulait dès qu’on approchait de la route. Transporté dans un panier dans notre nouvelle maison, nous le retrouvions le lendemain dans l’ancienne.
Plus tard, Sandrine a eu un deuxième chat. Pour partir en Espagne, cette chatte devait être vaccinée de je ne sais trop quoi. Sandrine et son père vont chez le vétérinaire. Claude tient la chatte. Le vétérinaire pince sa peau, enfonce l’aiguille de la seringue… trop fort… L’aiguille traverse la peau de la chatte et le vaccin se déverse sur le pantalon de Claude.
» Ça ira bien comme ça » dit le vétérinaire, et il se fait payer.
Nous partions un mois pour des vacances en Espagne, voiture chargée avec trois enfants et un bateau en remorque. Vers 11h, nous nous arrêtons pour nous rafraîchir. Sandrine sort la chatte de son panier. Celle-ci s’échappe terrorisée et va se planquer sur le haut de la roue arrière. Toute la famille y passe pour l’appeler, la faire descendre. On lui présente à manger, à boire, son panier, rien n’y fait ! En pleine chaleur (à midi en juillet, en Espagne !), Claude a dû dételer le bateau, mettre le cric, enlever la roue sur laquelle la chatte avait incrusté ses griffes. Les enfants ont effectué la fin du trajet dans un silence complet, avec une sagesse inhabituelle… chacun sentant qu’il valait mieux ne plus exciter leur père!
À Calpé nous étions en appartement. Il fallait donc sortir la chatte, ce qui ne plaisait pas du tout, mais pas du tout au chien de la concierge. Et un matin, nous n’avons plus revu notre chatte, nous avons supposé que le chien…
J’ai aussi le souvenir terrible de chatons à tuer, expliquer aux enfants le pourquoi, tout le monde avait la larme à l’œil… et le faire…
À Pau, une chatte d’origine inconnue, nous a adoptés. Elle était délicieuse, quand nous n’étions pas là, elle se faisait nourrir par les voisins, et même quand nous étions là. Aussi Nicolas l’avait nommée « gros bidon ». Quand nous ouvrions les volets, elle se frottait à nous. Quand nous revenions de voyage, elle nous attendait, sans bouder. Quelle gentille chatte.