Nous avons aussi chéri deux chiens. Youki venait de la S.P.A. apporté à Sandrine par une amie. Nous avions espéré un chien petit: il avait des pattes énormes qui annonçaient un grand chien -il l’a été –
Comme beaucoup de chiots, il a fait plein de bêtises: bouffer des souliers, saccager le jardin, hurler à la mort quand on l’attachait,… « Tiens, vous avez un chien » nous disaient perfidement les voisins…, aboyer toute la nuit, enfermé dans le garage, alors qu’il voulait dormir avec nous, s’étrangler à la laisse du « trolley» installé pour lui dans le jardin, poser ses pattes sales sur nous. Péchés de jeunesse disions-nous, ça va s’arranger. C’est nous qui nous sommes « arrangés » ! Dans la journée, nous avons été obligés de le laisser vagabonder, sinon il ameutait les voisins. À partir de là, son comportement nous a échappé:
-Drôle: le jour de la confirmation, avec l’évêque attendant dans le fond de l’église l’arrivée des enfants bien rangés, c’est Youki qui entre en premier, tout frétillant de la queue, et vient lécher l’évêque abasourdi!
-Ennuyeux: le surveillant général vient me prévenir (je suis dans un laboratoire avec mes élèves) qu’un chien, qui semble être le mien perturbe les cours dans le lycée. Le temps de m’expliquer cela, Youki est dans le labo, à cavaler partout, me faisant des démonstrations d’amour, manquant avec sa queue de, renverser des erlens, béchers, et autres matériels chimiques. Je n’ai plus qu’une solution, laisser mes élèves, ramener mon chien à la maison et l’enfermer.
-Dramatique: Youki a des vers. Le vétérinaire nous donne un produit à mettre dans sa pâtée, et nous dit « laissez le dehors, il va avoir la diarrhée. » Contrairement à cela Youki est constipé. Peu de temps après, nous le voyons courir dans le jardin, se mettre en position pour crotter, japper, repartir en courant, faire cela vingt fois. Nous nous approchons pour savoir ce qui lui arrive et apercevons un bout d’assiette sortant de son anus ! Il a mangé sa pâtée et son assiette !! Et plus rien ne peut « sortir ». On maintient le chien qui hurle, Claude prend une pince de chimiste et tire sur le morceau d’assiette, tout en essayant de le casser, pour que la sortie soit moins douloureuse. Enfin, après une heure d’efforts et de contorsions, tout est extirpé.
Conclusion de Claude on lui a donné un produit contre les « verres »… Pas contre les assiettes !!!
-Gênant: dans la voiture, il est malade, si on s’arrête, il ne veut plus remonter, il faut le pousser. Quand on passe sur une flaque d’eau, il saute en l’air en aboyant. La première fois, le conducteur n’a pas aimé du tout!
-Fatigant: le soir, il n’est jamais là. En rentrant du travail, Claude part d’un côté, moi de l’autre, et parcourons les rues en criant « Youki ! Youki! » il revient tout content au bout de 1 mn, un quart d’heure, ou 1 heure, ou 2. Quelle agréable fin de journée nous avons…
-Humiliant: un soir, nous ne le retrouvons pas, il ne revient pas. Sandrine pleure. À force d’en parler, quelqu’un nous informe avoir vu des gitans entraîner un chien dans leur voiture. Je me renseigne à la mairie sur l’emplacement des camps de gitans et me voilà en faire la tournée en proposant une récompense. Je finis par retrouver Youki. Je paie le gitan et Youki ne veut pas monter dans la voiture -la honte- Vu la suite, j’aurais mieux fait de laisser Youki là.
-La fin: Youki a mordillé une fillette, troué son gilet, pour s’amuser, je pense. Le père est venu râler, se faire rembourser, on le comprend… Mais trop, c’est trop. Sandrine le comprend. Nous rendons Youki à la SPA avec un mois de nourriture. Nous avons vraiment un sentiment d’échec. Nous avons été de mauvais maître, incapable de se faire obéir.
Notre deuxième chien : Ketty
Après notre séjour en Chine, nous avons promis Emmanuelle « son » chien. Ce fut un choix très discuté, raisonné nous avons acheté chez un éleveur une chienne épagneule, vaccinée.
Une chienne pour qu’elle ne parte pas de la maison, épagneule parce qu’ils sont réputés affectueux, chez un éleveur pour qu’elle soit en bonne santé. Avec la chienne, nous nous sommes procurés « comment bien élever son chien ».
Par exemple: ne les nourrir qu’une fois par jour. Ça a bien marché jusqu’à ce que Ketty pose ses pattes sur notre table à midi et voit tout ce qu’on mangeait! Nous avons une photo de cet instant, Ketty les yeux écarquilles, semble dire : « ils mangent tout ça. Et moi on me donne juste quelque chose le soir ». Elle n’a eu de cesse de se nourrir « comme nous ». Et nous avons cédé. Par la suite elle est même devenue voleuse.
Pour être un bon maître, il fallait aussi promener son chien en laisse et lui dire « voilà les limites à ne pas dépasser » Toute la famille s’est mise à la promener le long du jardin non clos, en lui disant « pas plus loin Ketty » Et que faisait Ketty ? Elle se couchait à nos pieds, par exemple quand nous prenions le café sur la terrasse. Et l’air indifférent, se déplaçait imperceptiblement, s’arrêtait, nous regardait d’un air détaché. Quand elle avait atteint une ligne à partir de laquelle elle savait qu’on ne pouvait plus la rattraper, elle partait ventre à terre, les oreilles couchées, et nous pouvions toujours crier Ketty! Ketty!
Elle rapportait des os qui puaient. Elle coursait les colombes, les voitures, le facteur !
Que cette chienne pouvait être roublarde! J’avais pris un morceau de moquette pour qu’elle reste dessus, le soir, pendant que nous regardions la télé, et ainsi qu’elle ne salisse pas le tapis en laine blanc. Mais Ketty aimait mon tapis en laine et s’y glissait centimètre par centimètre. Elle démarrait la soirée sur son carré de moquette et la terminait sur le tapis… avec quand même une patte posée sur la moquette !! Pour me faire plaisir ? Pour faire semblant d’obéir ?
C’est incompréhensible, aucun de mes enfants, aucun de mes élèves ne m’a autant désobéi que cette chienne! Je n’obtenais rien d’elle, c’est moi qui devais me plier à ce qu’elle désirait!!!
Quand elle est morte, renversée par une voiture, ça a été un drame. Tout le monde pleurait – pas notre voisin, car Ketty s’échappait par devant notre jardin et revenait par le sien, saccageant son gazon, et créant ainsi ce que notre voisin appelait poliment « le chemin de Ketty »-
…Claude au milieu des sanglots, a déclaré « Les animaux, c’est fini ».